lundi 30 juillet 2012

Les 3 Empires

Aujourd'hui rapide dégustation d'un thé parfumé, "Les 3 Empires" de Theodor.

Voici ce que l'on m’annonce sur le sachet échantillon offert par la maison de thé lors d'une commande: thé vert parfumé, amande, datte et fleurs.

Le parfum des feuilles sèches est doux, presque sucré (la datte?... et moi qui n'aime pas cela!) et floral. Au nez, je ne parviens pas à déterminer la fleur. Oups! LES fleurs, il y a deux types de pétales parmi les feuilles, des jaunes, que l'on voit bien sur la photo ci-contre, et des blancs très fins et arrondis. Je ne sens pas l'amande et ne la vois pas non plus.


Infusion en set de dégustation, 2g, eau à peine à 80°, pendant environ 2 minutes.

Comme vous ne pouvez pas le constater sur mes trop sombres photos, la liqueur est jaune d'or tirant légèrement sur le vert.  
De très nombreuses miettes sont passées en tasse, au point que je décide de filtrer à nouveau. C'est mieux mais malgré cette précaution un dépôt abondant reste au fond de la tasse et la liqueur est astringente et développe une amertume.
Le goût en lui-même n'est pas désagréable, au début du moins. Je ne trouve pas du tout l'amande. J'y sens bien le sucré de la datte, mais finalement cela passe très bien, au côté de ce qui me rappelle la fleur d'osmanthe. C'est très floral seulement je n'arrive toujours pas à déterminer l'autre ou les autres fleurs. Par contre, je n'apprécie pas du tout les arômes qui restent en bouche après avoir avalé la liqueur.


Bref, même si je n'ai pas été rebutée par le goût de la datte, qui s'est fait plutôt discret en fin de compte, je n'apprécie pas vraiment ce thé. Par curiosité, après avoir fini ma tasse, je suis allée voir sur le site la façon dont ils le décrivent et, surprise, en plus de l'osmanthe, il y aurait de la fleur d'oranger, que j'adore mais que je n'ai pas ressentie dans ce thé, c'est dommage.  Par contre nulle trace de l'amande, n'y en aurait-il réellement pas? Cela expliquerait pourquoi je ne l'ai pas trouvée non plus lors de cette dégustation...

Description du site : "Trois notes en passant par Constantinople, Byzance et Istanbul. Le thé vert, les dattes, la fleur d'oranger et la fleur d'Osmanthe s'unissent pour souligner de l'Orient ce qu'il a de chic et d'envoutant et qui le rend impérial."

lundi 23 juillet 2012

Première dégustation cubiste


A l'aveugle à nouveau, je goûte ce que je reconnais être un Dan Cong, ou peut-être pour reprendre la remarque de David à propos d'un billet précédent, un Phoenix Oolong. C'est plus précisément un Mi Lan Xiang mais après quelques mois sans pratique de la dégustation, j'ai perdu de l'entrainement ;-) Il faut goûter, pas nécessairement beaucoup, mais régulièrement pour se faire le nez : apprendre à mettre des mots sur les sensations, mémoriser les odeurs, les discriminer.


I Les feuilles sèches

Elles ont des teintes sombres allant du brun au noir. Elles sont fines, longues. Elles sont très torréfiées et dégagent des notes de caramel, charbon et bois brûlé. Placées dans un zhong chaud, elles développent des parfums de fruits rouges comme la mûre.

L'infusion se fait dans de l'Ogeu presque bouillante, dans un zhong de porcelaine très fine. La première dure moins de la moitié d'une minute, les autres une quinzaine de secondes.

II La tasse à sentir :

Toujours au nez, je sentirai du caramel, quelquefois des épices et parfois du bois brûlé. Il y a aussi un aperçu d'autres notes, agréables et fruitées, mais qui disparaissent trop vite pour que je puisse les identifier vraiment. Elles n'apparaissent qu'en souvenir lointain, déjà effacées.


 
III La liqueur :

Et pourquoi ne pas troubler le lecteur aussi ? Lui faire perdre aussi les références comme moi qui déguste sans savoir quoi. L'idée, à vrai dire, n'est pas, d'abord, de perturber le lecteur. Non, l'idée vient de la dégustation elle-même. Je retrouve des fruits (fruits de la passion, mangue, litchi) mais pas aussi clairement que l'énoncé le laisse croire. Si j'écris litchi, si vous en avez déjà mangé, vous savez ce que je veux dire. Mais je n'ai pas senti du litchi, mais de la rose non entêtante mêlée d'un peu de raisin, de douceur sans le sucre : ce n'était pas du litchi mais des fruits de la passion et de la mangue qui s'adoucissaient en s'évanouissant. Comment faire comprendre que ces sensations durent quelques rapides secondes quand il faut six lignes pour les écrire ?

Je pense qu'on a raison de chercher des associations avec la nourriture ou les fleurs. Mais ce n'est pas la seule possibilité. Il serait intéressant de savoir comment font les autres nationalités. J'ai entendu dire que les Chinois étaient moins analytiques. Cependant, à en juger par le nom de certains thés (Mi Lan Xiang est un bon exemple), ils les associent assez facilement à des fleurs.

Mon idée est donc de continuer cette note en associant les sensations ressenties à des formes, des couleurs,...

Des triangles légers, ocres, frottent la langue. Le fond est trop lourd, gris-marron. Il s'alourdira encore jusqu'à devenir désagréable. Un voile jaune, presque orangé se mêle à d'autres voiles de même nuances. Ils se mêlent puis rosissent jusqu'à prendre la couleur de l'aurore.


A la deuxième infusion, le fond est moins lourd, moins sombres, les triangles ocres soulignent le rosé, le jaune. Même tableau à la troisième, mais tout disparaît trop vite. A la quatrième, les triangles sont beaucoup trop rugueux, le fond marron dégrade toutes les couleurs.


IV Conclusion

Le jaune, l'orange, le rose paraissent vifs au nez, mais s'estompent trop rapidement en bouche. La rugosité des triangles est d'abord agréable, équilibre les sensations puis vire au rêche. Le marron, trop lourd, trop sombre, devient véritablement désagréable à la quatrième infusion.

Le thé est bon, mais ne tient pas ses promesses. Il manque singulièrement de puissance, surtout pour un Mi Lan Xiang. Il mériterait une eau neutre ou légèrement acide qui égaierait sans doute ses couleurs.

Milan Dancong AAA Ptps2011 de Jing Tea Shop


Patrick

(Illustrations de Ségolène)
[ATTENTION MODIFICATION: Oups! Vraiment, vraiment désolée. En voulant faire trop vite, je n'ai pas publié le texte complet de Patrick... Les dangers du copier-coller! Rectification faite le soir même. Profitez donc de la dégustation complète. Toutes mes excuses.]

mercredi 18 juillet 2012

Chaboom 17, Olong de Thaïlande


Cette fois-ci, c'est Ségolène qui déguste à l'aveugle officiellement. Mais en fait, nous testons tous deux à l'aveugle faute de référence sur ce thé.
C'est le deuxième oolong thaï que nous découvrons, et c'est à nouveau une bonne surprise. Celui-ci nous est offert par M.Pomme et provient du site "Olong de Thaïlande".


I Feuilles sèches :

Elles forment de petites perles bien serrées, bien roulées où le vert bouteille domine mais les teintes vont du vert clair au noir en passant par le kaki.
L'odeur est légère, printanière et florale. Ségolène relève la jacinthe et une douceur sur des notes comme du bouton d'or, du jasmin ou de la rose.

Les infusions sont faites en 20 à 30 secondes, dans de l'Ogeu en vive ébullition.

II Tasse à sentir :

Nous n'avons pas le même équipement : Ségolène préfère le couvercle du zhong tandis que je m'amuse avec la tasse à sentir. Je trouve que l'on note mieux les évolutions dans une tasse à sentir. Cependant, les senteurs captées sont les mêmes.

D'abord, viennent des notes grillées, puis florales (jasmin ?), puis du miel, léger et fleuri, enfin des fleurs de printemps.
Au cours des différentes infusions, les notes de miel (plutôt acacia, un miel piquant et léger) dominent les fleurs. Elles s'accompagnent de notes de bois chaud et de quelques épices douces.

III Liqueur :

La liqueur est légère et soyeuse. Elle est très florale. Toujours des fleurs de printemps : fleurs blanches, bouton d'or, jacinthe, rose (mais sans son côté entêtant). Elle laisse une fraîcheur en bouche. Après la troisième ou la quatrième infusion, les parfums sont trop atténués, la liqueur devient un peu astringente.

IV Conclusion :

C'est un thé assez agréable, léger, fleuri. Il paraît être un oolong de printemps. Pour Ségolène, il évoque le luanze (ce qu'il est, non?)
Il s'épuise un peu vite, et malheureusement ces parfums manquent de puissance et de longueur en bouche. En fait, seules les deux premières infusions ont un réel intérêt. Il gagnerait sans doute à être infusé dans une eau au pH moins élevé.
Je serai prêt à payer entre 10 et 15€ pour ce thé.

En tous cas, c'est une découverte agréable qui confirme que la Thaïlande est un pays qui sait produire de bons oolongs. Cela donne envie de mieux connaître les thés thaïlandais.

Patrick

mardi 17 juillet 2012

Un aveugle dans les rochers...


Le 8 juillet 2012, Ségolène et moi avons dégusté ce thé offert par M.Pomme.

Nous l'avons dégusté avec une eau peu minéralisée mais au pH élevé : 7,8. C'est l'eau pyrénéenne d'Ogeu-les-Bains.

Pour ma part, je l'ai dégusté à l'aveugle.

I Feuilles sèches :

Les feuilles sont roulées sur elles-mêmes dans la longueur, puis aplaties. Elles sont très noires, avec quelques tâches brunes. Elles dégagent une odeur de charbon, de bois et peut-être un peu de caramel.

C'est dès ce moment que je reconnais un thé des rochers. C'est un petit pas pour moi, et absolument pas un grand pas ni pour l'humanité ni pour le thé ! Mais quand même, reconnaître un thé à l'aveugle, sans même le goûter (ou même en le goûtant), c'est passer une petite marche personnelle sur sa voie du thé. Observer comme ils sont fiers les amateurs de vin quand ils reconnaissent la parcelle sud-est d'un Château Margaux 1984 à l'aveugle ;-)

Placées dans un zhong réchauffé, les feuilles dégagent des odeurs de bois chaud, de caramel et de miel. Ségolène, qui a le nez plus fin, décèle également de la praline et du raisin sec.

II Tasse à sentir

La première infusion est très courte : 15 secondes. Mais elle suffit pour que s'expriment la cire, le bois chaud, un miel sombre. Ce thé a l'odeur caractéristique des thés de rocher : une odeur que je ne saurais définir mais que j'identifie cependant. Il a des notes très marquées de torréfaction.

III Liqueur

La liqueur est pesante, mais comme pour les parfums, je ressens un certain poids, une certaine lourdeur.

Il n'y a aucune aspérité ni astringence. L'amertume est très légère et en finale.

Lors des infusions suivantes, je ressens quelque chose de très minéral, très fluide. Et c'est comme si les arômes étaient « à côté » de ces sensations premières. J'ai beaucoup de mal à identifier les goûts : du caramel, du bois, peut-être du cuir. Poussé un peu, le thé donne de la gentiane, mais sans son amertume. Trop poussé, il donne du charbon et une amertume dès l'attaque. Ségolène retrouve également du cacao.

IV Conclusion

On ne vit pas impunément dans le Bordelais, où le vin est une religion qui vient d'avoir sa grand'messe. Au cours de la fête du vin, deux exemplaires du magazine Terres de Vins nous ont été offerts. J'aime bien leur idée de conclure une dégustation en faisant une rapide synthèse et en donnant une idée de la valeur qu'ils accordent au vin. Dans Sud-Ouest, je retiens la citation d'un professeur d'oenologie : « les grands vins sont toujours décevants en dégustation à l'aveugle ». J'ignore s'il faut voir de l'ironie dans cette citation.

Ce thé de rocher n'a pas trop de défauts (quoiqu'ils présentent trop de miettes) mais hélas, pas trop de qualités non plus : il manque d'arômes, de puissance, d'équilibre et il est peu évolutif. Selon moi, il peut servir à introduire à cette famille, si son prix n'excède pas les 16 €.

En apprenant que c'est un Da Hong Pao, je suis étonné et me dit que soit les Da Hong Pao ne méritent pas leur réputation, soit, et c'est plus probable au souvenir d'autres thés de rocher (notamment un Rou Gui bu chez Vivien Messavent), c'est un Da Hong Pao médiocre. Et dans ce cas, je le déconseille.

La conclusion de l'aveugle n'est pas la même que celle de celui qui connaît l'étiquette.

Nous remercions M. Pomme car c'est toujours un plaisir de découvrir et d'échanger du thé.

[Da Hong Pao AAA, Jing Tea, Printemps 2010]


Patrick

vendredi 13 juillet 2012

Echantillons, encore plus de thés à découvrir...

Pour compléter la liste des thés reçus dans le cadre des échanges, voici la sélection de thés chinois spécialement choisie pour moi par Charlotte de "Leaves and Buds". Merci de tout cœur pour ce très bel éventail de thés, accompagné d'une jolie carte et de drôles de petits autocollants, le tout dans un paquet très soigné. Bon, je suppose que le fait de tenir une boutique aide un peu à avoir sous la main le matériel nécessaire à la confection des échantillons et du colis. Ce qui ne m'empêche pas d'apprécier le résultat, d'autant que tous les marchands ne prennent pas toujours autant de soins, même pour les bons clients.

Une bien jolie carte portant...
...  un petit message et accompagné de trois autocollants "make friends with tea",
slogan que je ne peux qu'approuver.
Et tous ces thés chinois!
J'ai donc accueilli, avec grand plaisir, ces charmants sachets d'échantillons, dont

de nombreux thés verts de 2012 :

Lu An Gua Pian n°1 (Anhui)
Lu An Gua Pian n°2 (Anhui)
Huang Shan Mao Feng (Anhui) 
Xiang Lan (Anhui)
Xi Hu Long Jing (Zhejiang)
Mei Jia Wu Long Jing n°2 (Zhejiang)
An Ji Bai Cha (Zhejiang)
Tian Tai Shan Yun Wu  (Zhejiang)

deux wulong :

Mi Lan Xiang Dan Cong de 2012 (Guandong)
Xian Dai Tie Guan Yin de 2011 (Anxi, Fujian)

et un thé rouge de 2012 (thé dit noir en occident) :

Jin Ya (Yunnan)

J'ai tellement de thés à goûter, je n'ai qu'une chose à ajouter... Vivement les prochaines dégustations!

mercredi 11 juillet 2012

Suprême Tie Guan Yin 2011 de Dragon Tea House

Nous poursuivons la découverte des thés de Dragon Tea House entamée avec le Alishan prenium. Voici donc le Suprême Tie Guan Yin, toujours d'un échange avec Mr Pomme.

Les feuilles sèches, du vert sombre au kaki-clair, sont à peines roulées en perles de tailles variées. Présence de tiges brun-clair. Les feuilles paraissent très sèches, cassantes. Elle s’effritent. Il y a d'ailleurs beaucoup de miettes dans le sachet-échantillon.
Le parfum, faible, est végétal fleuri accompagné d'une note de noisettes grillées.

Je pèse 3g de feuilles comme pour de nombreuses fois où je présente un thé sur le blog, bien qu'habituellement je dose mes feuilles à l’œil nu. J'essaye d'éviter au maximum de mettre des miettes dans le zhong (contenance 6 à 7cl). Trois infusions d'une vingtaine de seconde environ.

La liqueur, assez pâle aux reflets verts (désolée, la photo est trop sombre), dégage un parfum de caramel sur le couvercle du zhong.
La liqueur ne donne pas grand-chose. Des arômes ténus de beurre cuit, de fruits à coque, de bois brûlé avec une petite pointe de verdure. Evidemment, au fond de la tasse, il y a des miettes!





L'infusion, vert-foncé, présente des feuilles abîmées, déchirées, rognées... Un véritable carnage, ce n'est pas beau à voir. Son parfum est celui du charbon avec une pointe d’épinard cuit.




Encore un thé inexpressif et de mauvaise qualité... Fuyons!

mardi 10 juillet 2012

Ya Shi, août 2011, de Jing Tea Shop

Cela fait un moment que je veux goûter au doux parfum d'excréments de canard. Non, vous n'hallucinez pas, "parfum d’excréments de canard", c'est bien ce que j'ai écrit car il semblerait que ce soit la traduction du nom chinois de ce cultivar "Ya Shi Xiang". Un nom pas très avenant mais non dénué d'humour!

C'est Mr Pomme qui me donne l'occasion de tester le Ya Shi de Jing Tea Shop. Un petit mot sur cette boutique en ligne, dont il me faut signaler que, chose encore trop rare dans le monde du thé, pour chaque thé en vente, ils indiquent le terroir, la date de récolte, l'altitude et le grade. Malheureusement, je ne peux vous transmettre ces informations car je n'y ai pas eu accès, la récolte que j'ai reçue datant de 2011, elle n'est plus en ligne.

Longues et torsadées, plutôt sombres dans l’ensemble, avec de nombreuses nuances de vert, du noir aux reflets verts au vert-jaune presque beige en passant par le kaki, et l'on y voit également des taches brunes. Cette variété de couleurs des feuilles sèches m'étonne... et m’inquiète un peu, ainsi que la présence de nombreuses tiges. Mais les parfums me rassurent.

Respirer les feuilles sèches de cet échantillon est pour moi un grand plaisir. D'abord, un fugace parfum de beurre pâtissier qui laisse rapidement place à un nez fruité, fruits à chair jaune et fine, de la pêche et de l'abricot notamment, et fruits exotiques, douceur fruitée et délicatement florale comme de la mangue, avec une fine note d'agrume (citron vert, voire kaffir) qui épouse le tout. Réchauffées par l’humidité du zhong rincé à l'eau bouillante, les feuilles offrent  des parfums de tarte à l'abricot et de confiture. Dans l'ensemble, ces feuilles de thé ne présentent pas par de grands éclats odorants mais beaucoup de subtilité dans l’agencement de ses parfums. Je me réjouis d'avance de découvrir les arômes de la liqueur.

Spécialement pour vous, je prends la précaution de peser la quantité de feuilles sèches (avant de les déposer dans le zhong humide, bien entendu), il y en a 3g. L'infusion se fait dans notre petit zhong blanc (contenance de 6cl à 7cl). Nous avons l'habitude pour ce type de thé de réaliser des infusions très courtes, de l'ordre de 10s à 15s. Nous nous rendons rapidement compte que pour obtenir les arômes de ce thé, il faut pousser les infusions plus longtemps. Patrick est aux manœuvres. Il juge le moment de stopper l'infusion aux parfums qui recouvrent le couvercle du zhong. Au bout d'une quinzaine de secondes, ces parfums ne lui semblent pas suffisants, il attend jusqu'à un peu plus de 30secondes. C'est encore trop peu en fait. A la 5ème infusion, lorsqu'il se décide à pousser à 1minute le thé a déjà donné presque tout ses arômes qui deviennent presque imperceptibles. Par contre l'amertume se fait plus présente et la texture âpre. Mais revenons aux parfums et aux arômes de la liqueur.

Sur le couvercle du zhong, les parfums fruité (fruits jaunes) évoluent vers des parfums frais d'herbe, un peu florale, avec des épices douces (c'est léger). Patrick a préféré utiliser le set avec tasse à sentir (je les trouve trop petits ces sets), son ressenti est légèrement différent car il la respire de suite après l'avoir vidée, alors que je dois attendre que monsieur dépose le zhong pour m'emparer du couvercle, d'où les parfums s'estompent rapidement. Il a donc d'abord senti une odeur de légumes bouillis puis, comme moi, des fruits et des épices, plus tard une odeur citronnée (zeste) et florale... mais pas d'herbe. Soit! Il n'y a pas vraiment d'erreur en dégustation, seulement des manières différentes d'assembler les molécules des parfums, des arômes et de les exprimer. Alors, nous tombons rarement d'accord sur tout, mais dans les grandes lignes, nous nous rejoignons souvent.

La liqueur est jaune pâle, légère avec très peu d'attaque en bouche. Les arômes manquent de puissance. J'ai retrouvé la fraîcheur herbeuse (herbe aromatique?), surtout sur la (très faible) longueur en bouche, avec un côté un peu boisé-épicé. Les notes de fruits, d'abord sur des arômes de fruits jaunes, deviennent de plus en plus citronnées, plutôt feuilles de kaffir à mon avis. Malheureusement, elles manquent cruellement d'intensité. Sur la 5ème infusion (celle à 1min., presque sans arôme, donc sans intérêt), l’âpreté de la liqueur soutient des arômes empyreumatiques, c'est assez désagréable.


Grandes (voire très grandes) feuilles coupées, grandes feuilles entières, des tiges, voilà un aperçu de ce que l'on retrouve dans l'infusion (feuilles humides et ouvertes). Les feuilles sont assez vertes dans l'ensemble. On note des signes d'oxydation sur certaines feuilles, le brun sur les bords, et quelques autres ont même des taches brunes bizarrement réparties. Malheureusement, il y a des traces d'une mauvaise torréfaction (des bords de feuilles carbonisés), d'où les notes désagréables de brûlé, je comprends mieux.


Les plaisants parfums des feuilles sèches ne s'expriment pas dans la liqueur. Ils ne donnent en bouche que des arômes effacés, aucune attaque, aucune intensité, pas de longueur. En fait, aucune présence en bouche sauf quand la liqueur devient franchement désagréable... Déception. De plus, s'épuiser aussi vite pour un Dan Cong c'est de l'inattendu. Avec ce type de thé, habituellement on dépasse allègrement les 10 infusions consécutives, celui-ci est bien loin de les atteindre!

samedi 7 juillet 2012

Kukicha de Keiko



Je vous propose en cette après-midi tiède, un petit voyage vers l’orient… juste assez loin pour se poser sur les Iles des Libellules (Akitsu Shima = les îles des libellules, ancienne dénomination du japon) …  

Attardons-nous sur Kyushu, et plus précisément au sud, dans la province de Kagoshima. C’est ici qu’est cultivé le Kukicha dont je vais vous parler. 

 J’ai vu plus bas dans les notes de dégustations que Ségolène a déjà décrit un "Kuki", dans sa version torréfiée. Je vais ici me pencher uniquement sur le Kukicha, dans sa version classique, simple, vapeur.
 
Ce thé est en fait un thé vert, japonais (tiens donc…)  issu d’un Kabusecha, il a donc bénéficié d’une privation de lumière dans les trois dernières semaines précèdent sa récolte. Le Kukicha tient sa spécificité du fait d’être composé de feuilles… et de fines brindilles, et de sa faible teneur en théine.

Celui-ci provient d’une récolte de mai 2011. Et s’il est distribué par les "Jardins de Gaia", il est en fait importé par la marque "Keiko" pourvoyeuse de thé Jap, bio en général de qualité. 

Son prix n’est pas anodin : 9.20 euros les 50g


A l’ouverture du paquet, c’est une odeur d’herbe coupée, à l’acidité douce et caractéristique qui domine, l’impression de fraicheur est forte…

Les nuances de vert nombreuses… on y reconnait les feuilles d’un vert sombre et brillant, qui se mêlent aux brindilles d’un vert pâle, presque vert d’eau, tirant jusqu’à des teintes plus kaki.

Mais je ne fais pas durer plus l’attente, dégustons !

L’infusion se fera à la théière, dans une eau à 70 degré, pendant une soixantaine de secondes, à raison de 6g pour 200mL.

L’odeur d’herbe fraîche, juste coupée, reste dominante, elle me rappelle les soirs d’été de mon enfance. Les senteurs sont essentiellement végétales, délicates, presque fragiles. La liqueur quant à elle révèle un jaune ensoleillé, vif (qui bizarrement n’est que moyennement rendu en photo…). On retrouve dans la théière les fameuses brindilles, et les feuilles auparavant roulées qui ont pu s’épanouir et s’ouvrir au cours de l’infusion. 

Au goût, les arômes sont sans surprise végétaux et légèrement iodés. Mais ce que je décrirai comme dominant en est la douceur , et la voluptuosité. Les notes sont pleines, rondes, et ce thé ne souffre d’aucune amertume ou astringence.

L’odeur d’herbe coupée se retrouve ici dans une légère pointe d’acidité qui donne finalement à la liqueur une délicate note de fraicheur.

Frais, faible en théine, le thé de tige est pour moi un excellent choix comme thé de journée et même de soirée. Sa fraicheur est de plus sincèrement agréable en période estivale et en fait mon préféré du moment.


mardi 3 juillet 2012

Ludivine

J'ai rencontré Ludivine sur notre page Facebook. Son enthousiasme à communiquer sur le thé m'a tout de suite sauté aux yeux. Ensuite, en papotant un peu, sa "curiosithé" m'a beaucoup plu. En effet, cette amatrice de thés japonais n'a pas hésité a s'aventurer vers un Tuocha de Chine, rien que ça! C'est alors que j'ai été persuadée qu'il fallait absolument qu'elle écrive sur ce blog. Merci à elle d'avoir accepté l'invitation.

Ses goûts très différents des nôtres, plutôt amateurs de thés chinois, et sa passion communicative en font la personne idéale pour ouvrir cette rubrique des invités... Aussi, je la laisse se présenter elle-même.



Tout a commencé pour moi par un bain... un bain culturel et peut être aussi générationnel.

Des Arts Martiaux comme sport de famille, au thé, il n'y a qu'un pas, et il suffit même parfois de longer un tatami. Au hasard, d'une exposition culturelle, enfant, une odeur, des bruits m'avaient détournés de mon objet premier pour m'amener quelques mètres plus loin et me faire découvrir une cérémonie du thé traditionnelle.

L'impression de sérénité, de calme, de maîtrise étaient palpables et marquaient presque l’atmosphère autour de cette table…

Mais ça n’est que quelques années plus tard, cherchant dans un supermarché de quoi égayer mes petits déj’ de lycéenne, qu'il m'ait apparu que Proust n'avait finalement pas tort. La boite de Gunpowder en vrac, qui avait attiré mon attention avec ses couleurs jades trop criardes et que je tenais maintenant dans ma main avait suffi...

Ainsi, aussi sur que tout aquariophile chevronné a un jour commence par un poisson rouge tournant tristement dans une boule, s'est alors ouvert à moi un nouveau monde labyrinthique peuplé de sachet, d'infusion, de mousseline de toutes sortes... parfois, souvent remplis d'obscures entités végétales qui une fois trempées dans l'eau chaude, me donnaient accès à ce fameux THÉ, comme je persistais à le penser alors naïvement.

Mais de découverte en curiosité, d'esprit aventureux en lecture, ces infusettes sont petit à petit devenues étrangères à mon placard, ma boule à thé a été remisée, mes choix, mes goûts se sont affinés, devenus plus exigeants et pointilleux aussi surement.

Et comme tout apprentissage commence par la base, je me suis tournée vers les thés d’origine… pour leur force simple mais tellement agréable, et de manière presque aussi absolue vers les thés verts japonais, doux, frais... typiques, et j’y suis toujours… 15 ans plus tard!

C’est au hasard de mes balades virtuelles, cherchant de nouveaux thés, de nouveaux avis de dégustation, et des gens partageant cette addiction que je suis arrivée sur ce blog et… Ségolène a fait le reste :-)

Ludivine 




Découvrez sa première fiche de dégustation avec le  Kukicha de Keiko.... qui arrive prochainement sur le blog!