dimanche 28 juin 2015

"L'art de la Chine"


R.-V. avec : L'art de la Chine
Ed. du Rouergue


 
Depuis le XVIIIe siècle et la mode des «chinoiseries», l'intérêt que les Occidentaux portent à l'art de la Chine ne s'est jamais démenti. C'est pourtant un art méconnu, dont les sources remontent à plus de cinq mille ans, et dont l'héritage est considérable.

Loin de l'imagerie traditionnelle et des clichés occidentaux, cet ouvrage nous fait découvrir les richesses d'un art et d'une civilisation majeurs. Des arts funéraires révélés par les découvertes de l'archéologie aux arts sacrés, Christine Kontler, sinologue de renom, rend compte à la fois de la continuité historique et de la singularité exemplaire des arts d'un monde où tout est quête d'esthétique et d'harmonie. Dans cet ouvrage richement illustré, synthétique et précis, elle nous invite notamment à découvrir l'art de la porcelaine et des laques, ou encore le cérémonial attaché à l'écriture. Évoquant l'art du paysage et le feng shui (l'art des sites et de la géomancie), elle nous montre l'importance de ce qu'il convient d'appeler les arts de la vie et nous permet de mieux comprendre toutes les facettes d'une civilisation fascinante. 

Après une présentation de la civilisation et de la géographie chinoises, les chapitres s'articulent autour de trois thèmes: l'archéologie et les arts funéraires, les arts sacrés, et les arts de la vie.
La conclusion évoque les liens historiques entre la Chine et l'Europe. 

 Rien, hormis une appellation générique, ne distingue un temple ou un monastère bouddhiste et taoïste; il en est de même des sanctuaires de la religion populaire ou de la religion officielle de l'empire. Les bâtiments religieux eux-mêmes ne se distinguent en rien des bâtiments civils, ni les édifices officiels des privés. Toutes les constructions obéissent à de très anciennes lois qui accordaient l'ordre terrestre des hommes aux grands rythmes célestes. L'architecture repose sur des règles inspirées de l'image du monde que se faisaient les anciens Chinois; la plus importante était celle de la tortue au plastron ventral carré comme la terre et aux quatre pattes qui soutenaient une carapace ronde comme le ciel. Avec le ciel conçu comme rond et la terre comme carrée, l'espace fut imaginé sous forme de carrés encastrés, marqués chacun par quatre portes aux quatre orients et centres de convergence des influences cosmiques. On aboutit ainsi à une image géométrique du monde que l'architecture conserva avec ses principes essentiels, ses tendances à l'horizontalité, à l'orientation et à la symétrie qui répondaient à l'alternance des principes yin et yang et des Cinq Éléments.

(LES ARTS SACRES - Taoïsme, religion impériale et populaire - Les temples et sanctuaires, p.46)
 

Les textes sont simples à comprendre et plutôt synthétiques. L'ouvrage est enrichi par une iconographie abondante et pertinente : photos, schémas, tableaux, cartes... Ainsi qu'une frise chronologique qui mériterait bien d'être améliorée. Un glossaire permet une bonne compréhension des termes et noms cités.

Idéal pour une première approche de l'histoire des arts chinois, c'est un livre clair, concis et bien structuré.

samedi 27 juin 2015

Le ciel et la terre...

Gandhi à dit :

Le ciel et la terre sont en nous. *

Rien de plus vrai qu'en buvant du thé !

Le thé dont les feuilles contiennent, par leur essence-même, le ciel et la terre dont elles se sont nourries. Et leur liqueur à son tour nous relie aux éléments...
 





(* "Paroles des Sages de l'Inde", textes présentés par Marc de Smedt)

jeudi 25 juin 2015

Encore un... et quel colis !

Nouveau colis, en provenance de Taïwan, cette fois.


Du matos, du rouge, du bleu-vert, des p'tits échantillons offerts, il y a de quoi se faire plaisir ! J'espère qu'avec cela nous pourrons tenir un peu de temps... jusqu'à la prochaine commande.


lundi 22 juin 2015

"L'Art Français du Thé" par Mariage Frères

Notre tout premier livre sur le thé, si je ne m'abuse... Mais pourquoi ?!
 
Cet ouvrage (édition de janvier 2006) est une vitrine de la société Mariage Frère et un catalogue de leurs thés, classés par pays d'origine pour les grands crus. L'on nous y présente l'entreprise et son histoire :
"La passion du thé, l'esthétisme, le raffinement et la recherche de la perfection guident MARIAGE FRÈRES depuis plusieurs générations.
Dès le XVIIe siècle, les ancêtres de la famille MARIAGE élaborèrent des principes aujourd'hui perpétués et développés pour donner naissance à un véritable Art Français du Thé.
Cet Art, selon MARIAGE FRÈRES, embrasse l'ensemble de ce qui concerne le "Breuvage Spirituel", résultat de savantes combinaisons entre repères culturels et considérations esthétiques et gustatives.
"
"De l'origine de la famille MARIAGE et du rôle essentiel qu'elle a joué dans le commerce des thés, épices et denrées coloniales en France."
Bref, de la publicité à grand coup du rabâchage du nom de l'entreprise. Procédé quelque peu lassant, n'est-ce pas ?

Et puis, franchement, ils se pètent les bretelles* chez Mariage !

Il n'y a pas grand chose non plus à apprendre à l'intérieur. L'histoire du thé, ses légendes, les différentes familles de thé, leurs modes de préparations y sont tout de même survolés. Parfois agrémentés de quelques platitudes.
"Au XVIIe siècle, le thé était la boisson de l'aristocratie, une denrée coloniale rare en Europe vendue à prix d'or. Il était alors souvent conservé dans des "tea caddies" (mot tiré du malais "kati", qui désignait un poids d'environ 570g), coffrets en bois précieux, véritables œuvres d'ébéniste.
Pour éviter la tentation de ses domestiques, la maîtresse de maison fermait à clé son coffret à thé. "
"La dégustation du thé procure un plaisir esthétique qui naît en grande partie des ustensiles employés."
 
Le tout flotte dans les brumes légendaires et poétiques... Pour illustrer ce propos, un thé au hasard :
"T147  FLEUR DE DARJEELING
D'une rencontre sur les hauts plateaux himalayens entre le dégustateur de MARIAGE FRERES et le planteur du jardin d'Ambootia s'est produite une mystérieuse et délicate alchimie, point d'équilibre où feuilles et fleurs de théier conjuguent leurs fragrances. Fleur de Darjeeling a pour base un exceptionnel thé bleu à la douce saveur de miel, doré comme du pollen, auquel les fleurs blanches du théier apportent leur tendre parfum. Très frais en bouche, c'est une rareté."

Mais le pire est sans doute cette nostalgie du colonialisme qui englue la totalité de l'ouvrage, texte et illustrations comprises.

Un petit livre d'une centaine de pages environ, pour pas grand chose au final. Un ouvrage pas très instructif, pas très intéressant.



* "se péter les bretelles" : se vanter. Expression québecoise que j'adore. Coucou Philip ! ;-) 

dimanche 21 juin 2015

Nouvelles tasses...

Le samedi 6 juin 2015 avait lieu un bien bel évènement à Bordeaux. Il y était question de thés taïwanais, notamment dans ses aspects culturels et esthétiques. Il y était donc également question de céramiques. En conséquence, le lieu de cette rencontre avait été choisi avec soin. Il s'agissait de la galerie spécialisée dans la céramique, dont nous avions déjà parlé sur ce blog, la Galerie des Sélènes.

Nous reviendrons plus tard sur les détails de cette rencontre de thé. Pour le moment, je voudrais m'attarder un peu sur les tasses/bols de la galerie.
  
Un grand merci à Valérie et à Catherine de nous avoir accueillis dans ce magnifique lieu. Quelle belle idée elles ont eu de nous permettre de déguster les thés dans les tasses exposées à la galerie. C’est toujours un très beau geste quand quelqu’un choisit une tasse”, nous ont-elles dit. Combien elles avaient raison !

C'était très plaisant d'aller à la rencontre de ces tasses, et à travers elles des céramistes qui les ont créées. De pouvoir les manipuler, les tenir en main, les soupeser, les toucher, les effleurer des lèvres, sentir le grain, la douceur, et savourer la liqueur qui s'en écoule.... Ce geste a fortement contribué à faire de cette dégustation un moment d'exception.

D'ailleurs, nombreux sont repartis, heureux, avec leur tasse. Je fais partie de ceux-ci... Sauf, que j'ai été obligée, vous imaginez bien, de repartir avec sa sœur. On ne sépare pas une famille. Puis, comme cela, Patrick aussi à une nouvelle tasse. C'est parfait pour nos tête-à-tête en amoureux. De plus, je pouvais prétexter que c'était le cadeau d'anniversaire que je me faisais à moi-même. Hahaha !

De retour chez nous, voici donc ce joli duo de tasses, sobre mais avec une pointe d'originalité, imaginé par Marie Tual :

J'aime la forme de ces tasses dont le mouvement, comme un accident, est en fait un appel à sa jumelle. Elles se complètent, comme des âmes-sœurs. J'aime ce blanc qui n'en est pas vraiment, un peu cassé, un peu jauni par endroit... Ici, la créativité sait garder une certaine simplicité.


Marie Tual dit de son travail :

Je me suis donnée une règle de départ : le blanc. Une règle pour se donner de la rigueur.
Je cherche par ce procédé à interroger cette « non-couleur », à la fois vide et plénitude. Le blanc contient tous les possibles.
L’émail blanc posé seul sans décor , témoigne de la matière et de la modernité de la terre. Il est aussi révélateur de la forme.
Je travaille un émail blanc satiné, procédant par trempage ou arrosage . Par croisements ou superpositions de différentes densités je crée des plans de blanc velouté recouvrant un blanc transparent. Proust parlait des voiles blancs « dont la superposition ne fait que réfracter plus richement le rayon central et prisonnier qui les traverse. »
Les coulures , comme les traces de chamottes, participent activement à la vie et au mouvements des pièces.
Mais si les objets s’expriment visuellement, la céramique est d’abord un art tactile. C’est au toucher et dans l’usage que se révèlent l’émotion et le plaisir qu’elle contient.

Cette dernière phrase est si vrai. Lors de cette rencontre à la galerie, j'ai été touchée par l'apparence de dépouillement, la discrète rusticité et la  subtile originalité de ce duo de tasses, inséparables. L'émotion était bien présente. Et, personnellement, boire dans ces tasses m'évoque, en plus et à chaque fois, cette belle journée du 6 juin...

samedi 20 juin 2015

Le plaisir de ce vendredi soir...

... trouver en arrivant chez soi un petit colis en provenance du Japon.
Kirishima matcha (Okumidori), youhou !
Kagoshima Sencha Yamakai
Kagoshima Sencha Okuyutaka
Miyazaki Kamairicha Okumidori, miam !
Miyazaki Haru Bancha... Tiens le sachet est ouvert... et des feuilles semblent s'être déjà jetées dans l'eau chaude... Sympathique petit thé vert pour le soir.

Voilà. Tranquillement, nos nouveaux thés arrivent... Aux suivants !

dimanche 14 juin 2015

"Brouillard sur le Pavillon Haut"

Dimanche, 4h du mat'. Insomnie. Je fais bouillir de l'eau, saisi un livre. Tiens, pourquoi pas ce recueil de poèmes d'inspiration chinoise que je viens de recevoir ? Je choisis ce thé jaune que j'aime tant, Huo Shan Huang Ya. J'en garnis généreusement la théière noire en terre crue qui contraste avec la tasse de porcelaine blanche déposée juste à son côté. Yin et Yang... L'eau est chaude. J'arrose délicatement les feuilles. En quelques brefs instants la liqueur est versée dans la tasse. Je m'installe.

"L'épaisseur de bruits ordinaires" forme un silence rassurant. Déjà les mots résonnent en moi...

Je ne dormais ni ne veillais,
suspendu le moi qui songe
à autre chose que soi-même,
et ne se rappelle plus quoi.

Temps suspendu de la poésie, le temps vivant et calme du thé. Dans les voiles légers de la nuit , je vois le temps. Passé, présent, à venir. Je vois tous les temps dans cet instant...

Je voyais la ronde
des poussières sous mes doigts,
pensais :
"Si tu sais regarder
à l'intérieur,
c'est tout le paysage
qui s'élargit
aux quatre coins des perspectives.
Le passé est là tout entier
qui se dépose autour de toi,
chaque particule,
l'éclat d'une vie qui
passa la frontière invisible
en un lointain jadis.
Le monde est en train de passer en toi.

Echos. Le thé s’écoule en moi. Les pages entre mes doigts. Evocation de l'arbre, de la vie... de ce qui nous relie dans l'éternité et dans l'éphémère. Impermanence. Transformation.

quand l'arbre s'introduisait dans la chambre,
poussant ses branches jusqu'à nous toucher,
et que j'ouvrais le livre

Ces feuilles de thé, hier arbre, sont aujourd'hui liqueur qui abreuve mon corps et mon cœur. Ces feuilles de papier entre mes mains, hier arbre, sont aujourd'hui des pages qui portent ces mots, instantanés de vie et paysages révélés. Intériorité et monde extérieur unis.


Des paroles fracassantes

traceraient sur les pages

la pureté des leurs signes,

se formeraient des paysages,

ondoiements

intacts et anciens.

Une bulle de silence heureux

alors
 s’évaderait par la fenêtre.




La fenêtre est ouverte. Le silence est feutré. Je feuillette ce livre "quand, entre les lignes, ces voix..." Ces voies venues de Chine. Celle des peintures de style chinois, signées de l'auteur, qui illustrent cet ouvrage. Celle des sinogrammes qui en ponctuent les pages. Celle de la poésie des lettrés dont ces poèmes sont imprégnés. Celle de la calligraphie dont en voici l'esprit :

Du pavillon où nous arrivions,
il ne restait plus,
à pinceau levé,
qu'un seul trait,
ébauché
comme on fait un signe.

Des voix venues de Chine, des voies qui n'en font qu'une. Unies en un trait de pinceaux. Cette voie, la Voie, sagesse fondatrice de la pensée chinoise. C'est en suivant cette voie que nous pénétrons enfin dans le pavillon chinois.

Les tasses de thé se suivent et ne se ressemblent pas. Les pages se tournent dans des songes d'ailleurs. Le thé et les mots réunis me transportent. Cette poésie m'accompagne jusqu'au petit matin. Les premières lueurs du jour me découvrent rêveuse dans les brouillards de Chine. Ce brouillard qui couvrent les jardins de thé des hautes montagnes. Ce poétique Brouillard sur le Pavillon Haut.

[...] les brouillards, les murmures
qui hantent là-haut,
tout en haut sur les sommets,
ledit Pavillon Haut.

 ~ * ~

Brouillard sur le pavillon haut  de
Hispaniste, auteur de deux romans (Mélancolie au Sud, 2004, et Esplanade Avenue, 2010), Annick Le Scoëzec Masson a d'abord publié Suite indienne (2001), poèmes où se mêlent évocations du Nord de l'Inde et scènes librement inspirées de miniatures mogholes.

Dans Brouillard sur le Pavillon Haut, la référence à la poésie et à la peinture de la Chine classique alterne avec les instantanés d'un séjour à Shanghaï et à Pékin à l'aube du XXIe siècle.

C'est grâce à l'opération Masse critique que j'ai reçu ce livre. Merci  à la maison d'édition et à Babelio pour cette charmante découverte. Je suis ravie. Un seul regret, les peintures ne sont vraiment pas mises en valeur.